Le 18 novembre dernier se tenait un colloque organisé par le think tank Planète Social, portant sur les rémunérations non salariales, sous la direction scientifique du Professeur Bernard Teyssié.
Le sujet est d’autant plus d’actualité qu’il intervient dans un contexte où l’inflation annoncée par l’INSEE est de 6,2% mais avec des coûts de l’énergie en hausse de 19% et de 12% pour les prix de l’alimentation.
Soit, en réalité, une inflation ressentie à plus de 10% par la grande majorité des Français.
Pour les entreprises, augmenter les salaires dans ces proportions n’est pas viable. En effet elles ne peuvent, dans la plupart des cas, répercuter de telles hausses sur leurs prix sans risquer de ne plus être concurrentielles. Cela reviendrait, en tout état de cause, à aggraver encore l’inflation.
A l’inverse, les entreprises faisant le choix de maintenir des prix concurrentiels tout en augmentant trop fortement la masse salariale réduiraient, pour certaines, durablement leur marge, avec à terme un danger pour leur pérennité économique.
Autre élément de réflexion, les augmentations de salaire sont comme une roue à cliquet : on ne peut pas revenir en arrière.
Répondre à un besoin, certes réel, mais aussi conjoncturel, de pouvoir d’achat ne peut ainsi se traduire exclusivement par une mesure salariale dont les effets seraient définitifs, indépendamment des niveaux d’inflation des années futures. Si on n’a jamais vu – à juste titre- des organisations syndicales accepter, dans le cadre des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) des valorisations salariales faibles voire nulles en cas d’inflation très basse, de la même manière on ne saurait valider le principe d’une augmentation des salaires calée sur le taux d’inflation quand celle-ci est forte.
Reste entière, néanmoins, la problématique de pouvoir d’achat des salariés. Comment y répondre par des mesures qui ne soient pas exclusivement salariales ?
Ce sont ces réflexions qui ont alimenté les exposés et débats du colloque. Cet évènement a été l’occasion de passer en revue l’ensemble des outils de rémunération autres que le salaire, tels que participation et intéressement, actions gratuites, prime de partage de la valeur, actionnariat ou protection sociale complémentaire. A la question « peut-on aller chez le boucher avec ses actions gratuites ou son intéressement ? », il est apparu que la réponse, de prime abord négative, n’est pas si évidente. En effet l’intéressement ou la participation, plutôt que d’être versé sur un plan d’épargne entreprise (PEE), peut être touché en espèces. La vente d’actions gratuites, passées les périodes d’acquisition et de conservation, permet aussi de générer des liquidités pour le salarié. Une prise en charge plus importante de la part employeur de la cotisation mutuelle et prévoyance d’entreprise augmente de facto le salaire net.
Les tables rondes au colloque ont réuni au cours de cette journée Universitaires, DRH et Avocats. Les exposés et discussions autour de ce sujet d’actualité ont été riches d’enseignements et pourront alimenter les réflexions des entreprises, notamment dans le cadre des négociations annuelles obligatoires en cours ou à venir.
Les Rapports seront publiés à La Semaine juridique du 27 décembre 2022 avec un lien vers les vidéos des tables rondes. L’intégralité du colloque (vidéos et actes) sera ensuite disponible sur le site de Planète Social dans le courant du mois de janvier.
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